OSCAR, LE PETIT CHAT PAS TRES BEAU

Tu te souviens, mon Hpipouss….Tu as toujours été attiré par les chats !

Tu aimais bien les faire sortir de sous la voiture, en leur murmurant « Bssss….bssssss… » et en leur tendant la main.

Tu n’en as jamais eu peur, contrairement au Pipo qui lui déteste les chats !

Tu te souviens aussi d’Oscar, le chat de Nenna ? Lui n’était pas très sympa avec toi, il a failli te griffer ! Mais lui, c’était un cas particulier : un  chat gâté, capricieux et peut-être mal élevé !

Tiens, je vais te raconter l’histoire d’un autre chat, lui aussi appelé OSCAR, mais celui-là est bien différent.

Ecoute, c’est Oscar qui parle !

« Ma maman était une belle siamoise et j'arrivais bonne dernière d'une portée de sept chatons dans ce monde des vivants et je pensais être heureux au milieu de mes petits frères et de mes petites sœurs.

Mais je dus très vite me rendre à l’évidence. Ma mère était exténuée avec tant de chatons à nourrir, à nettoyer, à surveiller!

Et par la force des choses, je fus négligé, peu à peu oublié!

Pas par méchanceté bien sûr; mais par un concours de circonstances.  J'avais des frères et des sœurs très gloutons et surtout beaucoup plus forts que moi, qui me poussaient toujours lorsque je tentais de me faire une petite place pour téter ma mère!

Comme j'étais le dernier arrivé, j'étais un peu plus frêle que les autres, il me fallait batailler ferme pour avoir une petite place. Je devais souvent aller faire dodo le ventre vide.

Tout ceci fit de moi, à six semaines, un pauvre petit chat maigrichon et je dois bien l'avouer pas vraiment mignon, comme le disaient les gens qui venaient voir les autres chatons.

Certains  de mes frères et sœurs partirent, je ne sais  pourquoi, un beau matin d'autonme, avec des parents ou des amis de la famille.

Moi, personne ne me regardait, ne m'adressait la parole, ne me passait la main sous le menton ou sur le dessus de la tête en s'exclamant: "Oh, le beau petit chaton!"

Après quelques semaines, je restais ainsi le seul de la portée auprès de ma maman. Je ne payais pas de mine. Je ne ressemblais à rien. Maigre, les pattes de derrière plus longues que celles du devant, les flancs collés et d'une multitude de couleurs allant du beige, en passant par le roux et virant sur  le brun foncé et même le noir au bout de la queue.  On dirait presque à un prisonnier avec son costume rayé.

Ma mère ne s’occupant plus de moi, l'heure vint où les maîtres de la maison décidèrent de me donner en adoption à l'animalerie.

Quel choc!  En me voyant disait, le propriétaire me regarda avec une moue bien triste en murmurant : « Il est bien laid ce petit chat, jamais on ne le vendra! »

On me déposa  donc dans une grande cage avec plusieurs autres chats.

Quel désarroi!  Je me retrouvais entourée d'inconnus tous plus tapageurs et grouillants les uns que les autres : la chaleur même indifférentes de ma maman me manquais.

Plusieurs clients s’arrêtaient devant notre cage et s'exclamaient : "Ha le beau petit chaton!" "Ho quelle mignonne chatonne!"

Au début, je me trémoussais devant eux, afin de sortir de ce piège, mais c'était toujours un autre ou autre qui était choisi.

Personne ne voulait de moi ! Je devais être décidément bien repoussant !

Pourtant, un bel après-midi, j'entendis une dame à la voix tristounette approcher de ma cage. Je fis mine de ne pas y prêter attention et continuai à faire semblant de roupillonner dans mon coin.

La dame expliquait à la vendeuse: « J'ai eu assez de chattes ! Elles sont trop capricieuses et trop exigeantes ! J’aimerais avoir un petit chat aimant et câlin! ».

Arrivée à hauteur de ma cage, elle dit: « Et ce petit chat tout recroquevillé, là? »

La vendeuse lui répondit l'air dédaigneux, comme heureuse de savoir qu’elle va enfin se débarrasser de moi: « Oh oui, il est parfait, cet animal » !

Et la dame alors de me soulever et de me mettre sur mes pattes.

Je fis ce que tout chaton se doit de faire pour plaire : je fis le dos rond, puis j'étendis mes pattes d'avant et je m'étirai avec langueur. Je voulais absolument que la dame me sorte de cet endroit horrible.

La dame me prit alors dans ses bras et se mit à me bécoter de tout bord tout côté.  Moi, je trouvais ça tellement étrange cette sensation inconnue; ça chatouillait et c'était doux en même temps.  Tout à coup, cela déclencha en moi comme un petit moteur dans ma gorge et c'était très plaisant.

Je n'avais jamais éprouvé un tel bonheur!!!

La dame dit à la vendeuse : « C'est celui-là que je veux! ».

Et en s’adressant à moi, elle ajouta : « Ton nom sera OSCAR, parce que un oscar c'est laid mais c’est précieux pour celui qui en a un! »

Je n’ai rien compris, mais j’étais convaincu que, enfin, j’allais connaitre le confort et le bonheur.

Que demander de plus ?

Et depuis ce jour, elle me dorlote, me caresse et je fais même dodo la nuit dans le grand lit.  Et comble du luxe, elle me nourrit en plus de ce qu'il y a de mieux, de la nourriture de vétérinaire! De délicieuses croquettes, des pâtés exquis ! J’ai plein de jouets, une douce litière et même un très élégant nœud autour du cou.

Eh Hpipouss, tu sais quoi? Parait-il qu'en vieillissant je suis devenu plus mignon!

Entre nous, je vais te dire qu'il y a une  morale de cette histoire :« Il ne faut jamais se fier sur les apparences pour juger; c'est le cœur qui compte et parfois même si l'emballage n'est pas parfait, l'intérieur nous réserve de bien belles surprises! ».